Ressource incontournable de l’industrie agro-alimentaire, l’eau est au centre des enjeux que rencontre ce secteur pour adapter ses pratiques à de nouvelles exigences environnementales. Un premier décret de janvier 2024 vient d’être complété et modifié par un second décret et un arrêté pour cadrer les utilisations d'eaux recyclées : une avancée majeure pour les industriels, qui leur permet de s’engager sur la voie de la sobriété hydrique sans mettre en danger leur production.
Feu vert pour le recyclage de l'eau dans l'industrie alimentaire
L'eau, ingrédient essentiel de l'agroalimentaire
Comment cuisiner sans eau ? Impossible, autant chez soi que dans un atelier artisanal ou une usine de grande envergure. L’eau intervient de façon aussi indispensable dans la préparation culinaire proprement dite que dans les tâches « périphériques » : lavage, rinçage, nettoyage des ustensiles, machines, récipients et locaux… Dans ces conditions, réduire les quantités d’eau utilisées dans les process industriels est un défi écologique autant qu’économique.
Parmi les enjeux environnementaux, les rejets d’eaux plus ou moins chargées de matières organiques ou chimiques, même si elles font auparavant l’objet d’un traitement, exposent les eaux de surface et souterraines à des risques de pollution. Or, le traitement spécifique d’une partie de ces eaux pour réutilisation va diminuer les volumes réinjectés dans le milieu naturel. Les opérateurs de l’eau potable, prestataires des collectivités locales, ont donc aussi un intérêt à cette nouvelle façon de gérer la ressource commune.
De même, la possibilité de réutiliser l’eau a des effets financiers majeurs : une fois les investissements matériels engagés et les process industriels modifiés, les économies dues à une meilleure gestion de l’eau bénéficient à tous les maillons de la chaîne.
Janvier 2024 - Un premier pas
Très attendu par les professionnels, le décret n° 2024-33 du 24 janvier 2024 a ouvert la voie à l'utilisation d'eaux recyclées dans l’industrie agroalimentaire, suivant ainsi l’exemple d’autres pays qui pratiquent cette optimisation depuis longtemps et à des échelles importantes (Israël, Espagne…).
Ce premier texte détaillait notamment :
- Les catégories d'usages possibles,
- Les types d'eaux réutilisables,
- Les modalités de surveillance à mettre en place,
- La procédure d'autorisation des projets.
Il permettait aux industriels de recycler les eaux issues de matières premières, les eaux de processus, les eaux traitées, pour toutes les étapes de préparation, de transformation et de conservation de denrées alimentaires… mais pas de les utiliser comme ingrédient !
Juillet 2024 - La prise en compte des usages
Afin de permettre l’application des règles établies, il restait à définir les niveaux de garantie sanitaire à respecter selon les usages... C’est chose faite avec l’arrêté du 8 juillet et le décret modificatif 2024-769 du même jour qui ont modifié et précisé les conditions d'utilisation des eaux recyclées dans le secteur alimentaire : seules les eaux recyclées issues des matières premières et les eaux de processus recyclées peuvent être utilisées comme ingrédient. En levant ce frein réglementaire, le ministère de l'Agriculture contribue à réduire les distorsions concurrentielles importantes avec des producteurs intra ou extra-communautaires.
En codicille, il devient également possible de réaliser des "échanges d'eau" entre différents sites d’un même établissement.
L'accompagnement de DEKRA pour la maîtrise des consommations et des fluxDe l’évaluation globale des risques de pollution au management de la ressource, en passant par la surveillance de la qualité des eaux propres (de surface et souterraines) et des eaux usées, les experts DEKRA sont au service des entreprises et des collectivités pour mener des missions complètes :
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