Les silos à grains peuvent occasionner de graves accidents, comme l’a montrée l’explosion du 6 juin dernier à Strasbourg. Comment se forment les explosions ? Comment les éviter ? Le point avec nos experts.
Contexte
Le 6 juin 2018, l’explosion d’un silo à grains dans le quartier Port-du-Rhin à Strasbourg a fait quatre blessés, dont trois en urgence absolue. Des débris enflammés ont volé du silo « comme un feu d’artifice », selon des témoins sur place. Ces débris, amiantés, se sont ensuite retrouvés sur plusieurs milliers de mètres carrés.
Si les incidents dans des silos ne sont pas très fréquents, ils occasionnent régulièrement des victimes. On peut ainsi déplorer l’accident dans une malterie à Metz en octobre 1982 (12 morts), ou encore à Blaye-en-Gironde en août 1997 (11 morts).
Comment se forme une explosion ?
Dans un silo, les céréales peuvent dégager du gaz si elles fermentent. En période d’exploitation, beaucoup de poussières sont en suspension. Il suffit d’une étincelle ou une élévation locale de température trop importante pour qu’ait lieu une explosion. Les flammes se propagent alors très rapidement. Ce sont souvent les travaux de maintenance réalisés sur les installations, comme la flamme d'un chalumeau, qui provoquent les incendies.
En phase de travaux, la probabilité d’accident est 10 fois plus élevée.
En effet, alors que les phases de travaux (maintenance préventive ou curative, modification, aménagement voire démantèlement des installations) représentent une période courte (moins de 5% de la vie des installations), plus d’un accident sur trois se produit lors de travaux.
Les risques d’accident sont valables pour le personnel du silo, ainsi que pour les sous-traitants qui interviennent dans un milieu dont ils méconnaissent souvent les risques.
Comment éviter les explosions ?
Il est indispensable de bien analyser la situation en amont pour limiter le risque d’explosion. Cela consiste principalement à empêcher la formation d’une atmosphère explosive ; sinon, il faut éviter son inflammation et atténuer les effets de l’explosion (effet de souffle, flammes…).
Le ministère de l’écologie liste 14 questions à se poser avant de délivrer un « permis de feu ».
Qu’est-ce que le « permis de feu » ?Le « permis de feu » est un plan de prévention écrit qui concerne la réalisation ponctuelle de travaux par points chauds (soudure, meulage, coupage, etc.). Il concerne des travaux déterminés, avec une période de validité. Il doit être renouvelé chaque fois qu'un changement (d'opérateur, de méthode de travail etc.) intervient dans le chantier. Le permis de feu doit être signé par la personne commandant les travaux, représentant qualifié du chef d'entreprise, par la personne chargée de veiller à la sécurité et par l'opérateur. Il doit être établi pour chaque travail par points chauds (coupage, meulage...) par le personnel de son entreprise ou par un prestataire. Il insiste sur l'analyse des risques liés à l’opération et la prévention des dangers d'incendie ou d'explosion. |
Quels sont les autres risques que l’on peut rencontrer dans les silos ?
En plus du risque d’explosion, les silos peuvent poser des problèmes de résistance de structure, comme en mars 2016, où un silo s’est effondré sur un groupe de collégiens.
Qu’il soit en béton, en métal ou en bois, qu’il serve au stockage de céréales, poussières ou de boues, un silo doit respecter un certain nombre de règles pour qu’il ne présente de danger ni pour les utilisateurs, ni pour les riverains. Outre les contrôles construction (solidité, sécurité…), il est indispensable de vérifier la solidité et la résistance des structures qui les supportent. Effectué lors de la construction d’une nouvelle installation, cette vérification doit de nouveau être effectuée si l’équipement subit des modifications ou si l’utilisation du silo évolue. Dans tous les cas, ce contrôle implique la consultation des plans existants, des notes de calcul d’origine et la collecte d’informations sur l’utilisation effective du silo.
Quelle est la réglementation applicable ?
Depuis le lancement du « plan silo » en 2013, qui prévoyait d’offrir 5 millions de tonnes de stockage de grains supplémentaire sous 5 ans, le nombre de silos en France n’a cessé d’augmenter. Cet équipement est soumis à une importante réglementation liée au contrôle construction, aux installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE), ainsi qu’aux ATmosphères EXplosives (ATEX).
En quoi consiste la réglementation ATEX ?
Les exploitants de silos doivent effectuer un classement des zones ATEX. Ils doivent aussi établir et mettre à jour le « Document relatif à la protection contre les explosions » (DRPCE).
Attention : à compter d’octobre 2018, une nouvelle version de la norme NF EN 60079-10-1 sert de référence pour délimiter les zones à risque d’explosion.
Qui est concerné par la réglementation ATEX ?
Une explosion a lieu chaque jour dans le milieu industriel en France.
Tous les secteurs d’activité mettant en œuvre des produits inflammables (liquide, gaz) et des poussières combustibles sont concernés par la réglementation ATEX. Cela peut concerner les silos à grain, mais aussi les cabines de peinture, menuiseries, zones de charge de chariots automoteurs électriques, etc.
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