Si les risques que font encourir de nombreuses activités professionnelles sont identifiés et pris en compte depuis longtemps, une prise de conscience se fait jour : l’association de plusieurs sources de nuisances aurait des conséquences encore mal connues. Ces risques peuvent bien sûr être collectifs, c’est-à-dire dommageables pour l’environnement au sens large. Mais ils concernent surtout le travailleur exposé, avec des effets sur sa santé et sa sécurité.
Prévenir la polyexposition professionnelle aux nuisances chimiques, biologiques, physiques ou organisationnels
Qu’est-ce que la polyexposition ou exposition multiple des travailleurs ?
La polyexposition se définit comme plusieurs expositions simultanées ou successives à différentes nuisances. Il existe plusieurs sources de risques en milieu professionnel pouvant interagir pour impacter la santé des travailleurs :
- Les émanations de produits chimiques (dioxyde d’azote, plomb, hydrocarbures, solvants, amiante, etc.),
- L'exposition aux rayonnements ionisants, UV, radioactifs,
- Les contaminations biologiques (bactéries, virus, parasites, champignons, etc.),
- Les nuisances physiques (bruit, vibrations, températures, etc.),
- Les facteurs organisationnels (horaires atypiques, etc.).
Ce qui est de plus en plus pris en compte, c’est le caractère cumulatif ou multiplicatif de certaines substances, dans certaines conditions. Différents produits chimiques peuvent avoir des effets combinés bien supérieurs à leur toxicité individuelle. De même, un environnement très bruyant amplifiera l’absorption par l’organisme de composants chimiques considérés comme peu dangereux en ambiance plus calme.
D’une façon générale, ce sont surtout les produits chimiques qui voient leurs effets augmenter en présence d’autres facteurs de risques comme la fatigue dues aux contraintes physiques ou des horaires décalés. Les effets des substances peuvent s’additionner, se multiplier, se neutraliser, ou encore catalyser une réaction chimique.
Qui est concerné par la prévention des polyexpositions professionnelles ?
Les activités professionnelles qui exposent les travailleurs à des risques cumulés de plusieurs sources sont très nombreuses. On pense d’emblée à l’industrie et à ses procédés complexes, mais aussi aux « activités professionnelles » de l’agriculture aux bâtiments tertiaires et communaux, en passant par les activités de collecte de déchets ou certains services (pressings, garages, etc.). Et si l’on réfléchit en nombre d’entreprises, la proportion est encore plus grande !
Tout employeur doit donc se poser la question et répondre aux obligations d’évaluation des risques sanitaires posées par le Code du travail. D’abord en identifiant les différentes sources de risques, puis en les mesurant pour déterminer les plus importantes en termes de quantité, de permanence, de nombre de salariés exposés.
Que dit la loi pour renforcer la prévention des risques de polyexposition ?
Aujourd’hui ce concept de polyexposition est très peu visible dans la législation française. Chaque type d’exposition est considéré séparément, mais la combinaison de plusieurs nuisances est très difficile à intégrer dans les textes. Pourtant, le sujet émerge dans les réflexions des organismes publics et chez les chercheurs, en particulier en ce qui concerne les multiexpositions de même nature, comme la conjugaison de plusieurs substances chimiques.
La Loi travail est venue renforcer le Code du travail en termes de contrôle et d’évaluation au travers du Document Unique d'Évaluation des Risques (DUER).
La préoccupation de plus en plus prégnante pour les questions de prévention et de santé publique laisse penser que les réglementations européennes et nationales vont s’emparer du problème. L’adoption, plus ou moins progressive, de textes délimitant précisément des seuils de polyexposition combinant toutes les sources de risques est un horizon auquel les entreprises doivent se préparer.
Évaluer et hiérarchiser les risques de polyexpositions avec DEKRA :Avant même que le concept de polyexposition se répande, les experts DEKRA appelés pour effectuer des mesures d’évaluation sur un poste de travail avaient déjà le réflexe de prendre en considération les risques au sens large. Les experts ont une vision transversale qui permet de mettre en place une démarche globale, en définissant des axes prioritaires. Par exemple, une intervention sur une problématique de bruit pourra donner lieu à des recommandations de mesures d’exposition chimique. Ce qui permet de prendre en compte les effets croisés de ces différentes nuisances pour une catégorie de travailleurs sur un site donné.
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