Ils se sont imposés dans notre quotidien depuis le milieu du 20e siècle, nous rendant la vie plus facile et plus pratique. Mais depuis peu, la prise de conscience est générale : il faudrait cesser de produire certains composés per-fluorés, à défaut de savoir les éliminer ou les recycler. L'arrêté ministériel du 20 juin 2023 relatif à l'analyse des substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS) définit les modalités de la surveillance de la présence de polluants éternels dans les effluents industriels. La campagne de mesures commence par certaines installations classées pour la protection de l'environnement (ICPE) soumises à autorisation, pour s’élargir rapidement. Tour d’horizon pour y voir plus clair.

28.06.2023
Temps de lecture: 4 minutes

Campagne de mesures des PFAS (per- et polyfluoroalkylées) dans les rejets aqueux des ICPE

 

Où se trouvent les PFAS ?

Vos poêles antiadhésives, les cirés de vos enfants, le canapé traité antitaches, les tissus ignifugés, mais aussi presque tous les cosmétiques de la salle de bain, les peintures de toute la maison, sans parler des emballages alimentaires. Tous ces produits courants sont porteurs du même défaut originel : ils contiennent des substances issues de transformations chimiques du fluor, dites ultra-persistantes, qui subsistent dans la nature, perpétuellement. Et dans l’industrie, d’autres produits encore portent ce sigle – PFAS –, qui désigne les composés per- et polyfluoroalkylés, soit plusieurs milliers de molécules différentes. Leurs liaisons carbone-fluor sont extrêmement stables, ce qui leur vaut l’appellation de polluants éternels. En milieu industriel, ils sont présents dans un nombre important d’applications :

  • Traitements des surfaces (détergents, antiadhésifs),
  • Auxiliaires de polymérisation,
  • Mousses anti-incendie,
  • Agents tensio-actifs dans l’extraction pétrolière et minière,
  • Fluides hydrauliques dans l’aviation,
  • Placages de métal,
  • Semi-conducteurs,
  • Traitements photographiques…

Quels sont les effets indésirables des PFAS ?

Par leur présence au sein même de nos organismes, les PFAS sont déjà un enjeu de santé publique. Toutes leurs répercussions sur la physiologie humaine, animale et végétale ne sont pas encore connues, mais le tableau qui se dessine au fil des recherches est assez sombre pour que la communauté scientifique se soit fait entendre des pouvoirs publics, d’abord aux États-Unis, aujourd’hui en Europe.

Parmi les conséquences d’ores et déjà identifiées :

  • Effets cancérigènes, particulièrement pour les reins, les seins et les testicules,
  • Hausse du risque de pré-éclampsie (accident cérébral) chez les femmes enceintes, 
  • Impacts sur le développement fœtal,
  • Diminution de la réponse immunitaire des vaccins chez les enfants,
  • Augmentation du taux de cholestérol,
  • Augmentation de la tension artérielle,
  • Augmentation des maladies de la thyroïde… 

La liste n’étant pas close, l’urgence exige de prendre le problème à bras-le-corps très rapidement.

Dans le cadre du plan d'action PFAS, quelles sont les mesures qui vont s’imposer, et à qui ?

C’est la Direction générale de la prévention des risques qui a préparé l’arrêté ministériel du 20 juin 2023. Il fixe les modalités d’une campagne de mesure et d’analyse des rejets en milieu aqueux pour les industries les plus susceptibles de produire, traiter, utiliser ou rejeter de tels composés éternels. Les ICPE soumises à autorisation seront donc tenues d’établir une liste des PFAS qui les concernent, puis d’en faire mesurer la présence, dans les neuf mois. Pour chaque établissement, trois analyses mensuelles consécutives seront réalisées sur les substances répertoriées, qui comporteront :

  • Une estimation en équivalent fluorure de la quantité totale de PFAS présents dans les rejets aqueux de l’installation, par l’utilisation de la méthode indiciaire par adsorption du fluor organique (AOF);
  • Une mesure des concentrations spécifiques de vingt substances mentionnées par la directive européenne relative à la qualité des eaux destinées à la consommation humaine (EDCH) du 16 décembre 2020 ;
  • une mesure des concentrations spécifiques des autres substances identifiées par l’exploitant, et non comprises parmi les vingt substances précédentes.

Dans un second temps, l’obligation réglementaire pourra être élargie, notamment, à la mesure de contamination aux PFAS de l’air et des sols, ainsi qu’aux boues issues des stations de traitement des eaux.

Devant l’augmentation prévisible du nombre de relevés à effectuer par des organismes de contrôle, la réactivité est donc primordiale pour les industriels. De même, des interdictions de produire ou d’utiliser certains composés, déjà en discussion au niveau européen, seront prises à plus long terme, qui demanderont d’adapter les productions et les process. La planification des campagnes de mesures s’étale sur des délais de 3, 6, 9 mois selon le type d’industrie (en fonction des rubriques ICPE à autorisation).

Quels sont les atouts de DEKRA pour accompagner la stratégie anti-PFAS des ICPE ?

Partenaire de longue date des filières industrielles, DEKRA dispose de toute l’expérience nécessaire pour répondre aux besoins des ICPE en termes de mise en conformité. L’expertise des techniciens, les ressources matérielles dont ils disposent sur tout le territoire, mais aussi les accréditations et le référencement auprès des agences de l’eau assurent une réactivité optimale, dès aujourd’hui. Grâce à son rayonnement international et son réseau de partenaires analytiques européens, DEKRA dispose d’une expérience certaine pour accompagner les industriels dans leur approche anti-PFAS.

Parmi les missions existantes, citons :

  • Prélèvements sur 24h représentatifs des eaux rejetées.
  • Prélèvement dans les eaux souterraines.
  • Assistance à la réduction des émissions de PFAS.
  • Prélèvements dans les émissions gazeuses.
  • Conseil sur les économies d’eau et le cycle de l’eau en industrie.

Enfin, au fil des évolutions législatives, DEKRA viendra en appui des industriels avec toutes les compétences requises d’audit et de conseil, dans une perspective d’élimination des PFAS de tout process industriel.

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